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3 novembre 2020

"Cette nuit, rien ne serait pire qu'un résultat serré" - Julie Jourdan, gérante du fonds Mansartis Amérique ISR pour AOF

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot pour Agence Option Finance (AOF)

1) Qu'attendez-vous cette nuit ?

Julie Jourdan : Un vainqueur clair. Le marché n'aime pas l'incertitude. Rien ne serait pire qu'un résultat serré qui conduirait inéluctablement à la multiplication de litiges juridiques, voire de manifestations peut-être violentes. Nous n'en sommes pas là. Ce qui semble sûr, c'est que l'incapacité à connaître rapidement le vainqueur entrainera une résurgence de la volatilité sur les marchés et sur le dollar. Par ailleurs, la paralysie de l'Etat risque de retarder la mise en œuvre d'un plan de relance que les investisseurs attendent en vain depuis des semaines en raison de l'incapacité des démocrates et des républicains à s'entendre.

2) Pour autant, Joe Biden semble très largement favori. Comment réagiront les marchés s'il gagnait ?

Les sondages donnent le candidat démocrate assez largement gagnant, mais la précédente élection a rappelé que cette élection au suffrage indirect n'est jamais gagnée d'avance. La question est de savoir si les marchés ont " pricé " la victoire de Joe Biden et la fameuse " vague bleue " qui permettrait au parti démocrate de contrôler le congrès. En étudiant les secteurs qui ont tiré leur épingle du jeu ces dernières semaines à Wall Street, comme les énergies renouvelables ou le digital lié à la reprise verte, j'ai tendance à le penser. En position de force, Joe Biden pourrait en effet lancer rapidement son programme d'infrastructures ambitieux d'environ 2 000 milliards de dollars pour rénover et décarboner en particulier le bâtiment et les transports tout en développant les énergies propres. Or, ce plan, je le répète, est très attendu par les investisseurs.

3) Joe Biden a également promis de relever l'impôt sur les sociétés, une mauvaise nouvelle pour Wall Street ?

Les marchés font rarement un bon accueil aux hausses d'impôt. Pour autant, cette " menace " doit être à nuancer. En premier lieu, Joe Biden envisage d'augmenter de 21% à 28% le taux marginal qui resterait inférieur au taux de 35% qui prévalait avant l'ère Trump. Par ailleurs, le nouveau président pourrait étaler cette hausse dans le temps, peut-être tout au long de son mandat, afin de ne pas risquer de compromettre la convalescence de l'économie américaine. Joe Biden pourrait plus facilement taxer davantage les multinationales américaines sur les revenus perçus à l'étranger, mais l'impact négatif d'une telle mesure reste aléatoire. En somme, il semble que l'impact positif d'un plan de relance massif et rapide l'emporte aux yeux des marchés sur une hausse attendue très progressive de la fiscalité sur les sociétés.

4) Et si, finalement, Trump l'emportait ?

Et bien nous resterions globalement dans la situation actuelle marquée par des tensions commerciales et des incertitudes quant aux mesures économiques que prendrait réellement Donald Trump. Ce dernier n'a en effet promis qu'une nouvelle baisse des impôts et des dépenses publiques, notamment dans l'éducation et la santé. Après, les Etats-Unis peuvent compter sur le soutien de la Fed. Surtout, sans relativiser l'importance du scrutin de demain, l'avenir des Américains dépend pour les prochains mois de l'évolution de la pandémie. C'est elle qui affecte le plus le chiffre d'affaires et les bénéfices des entreprises comme le marché de l'emploi.

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